La pandémie de coronavirus fait peser une grave menace sur les petites entreprises et les entreprises en expansion du monde entier. Les femmes entrepreneuses apportent une contribution vitale à leurs économies locales et sont particulièrement vulnérables aux effets économiques de la pandémie.
Les institutions financières réagissent-elles à la crise du COVID-19 ?
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Les entrepreneuses sont essentielles aux communautés locales.
La pandémie de coronavirus constitue une menace importante pour les petites entreprises en croissance du monde entier. La contribution des femmes entrepreneures aux économies locales est vitale alors qu’elles sont particulièrement vulnérables aux effets économiques de la pandémie.
Les femmes possèdent 34% des entreprises privées dans le monde1. Elles sont davantage enclines à employer d'autres femmes2 et à contribuer aux besoins essentiels de leur communauté en période de crise: 70% des femmes entrepreneures travaillent dans le secteur du commerce et des services ; dans le domaine de la santé, de l'éducation et des services sociaux, etc. et nombre d'entre elles exerce des professions avec un intérêt systémique3.
Les entrepreneuses sont des clientes attractives pour les institutions financières.
L'Alliance Financière pour les Femmes (The Financial Alliance for Women) a constaté que, sur cinq années consécutives, les micros, petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes avaient des taux de remboursement meilleurs que ceux de leurs homologues masculins4. De plus, il est prouvé que les services bancaires et non bancaires conçus correctement pour répondre aux besoins des femmes entrepreneures sont des produits lucratifs pour les institutions financières5.
Les institutions financières qui aident leurs clientes à stabiliser leur activité et à planifier l'avenir peuvent réduire leur portefeuille à risque et renforcer la fidélité de leurs clientes, engendrant une relation durable à mesure que l’économie reprend.
Les institutions financières ont commencé à répondre à la crise en offrant leur soutien aux entrepreneurs.
En réponse à la crise de la COVID-19, les banques et autres institutions financières du monde entier ont commencé à offrir aux clients une aide précieuse sous forme de délais de remboursement rallongés, de soutien à la migration vers les canaux de paiement numériques et d’abandons de frais. Certaines institutions ont , en plus de ces aides, apporté un soutien non financier spécialement conçu pour ces femmes entrepreneures afin de les aider à surmonter la crise. Des exemples prometteurs de réponses des institutions financières et d'autres acteurs de l'écosystème émergent.
La COVID-19 touche différemment les femmes et les hommes.
Des recherches sur l’entreprenariat et le genre dans plusieurs régions du monde ont montré que les femmes cheffes d'entreprise œuvrent dans un environnement façonné par des contraintes sous-jacentes6, issues de facteurs sociaux et environnementaux - et non d'un manque de capacités. Ces contraintes engendrent des besoins non financiers qui, lorsqu'ils sont satisfaits, aident les femmes entrepreneures à tenir, à planifier l'avenir et à libérer la croissance.
Les entreprises dirigées par des femmes doivent faire face à trois contraintes particulièrement révélatrices de la situation économique actuelle :
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Même en temps normal, les femmes entrepreneures sont plus vulnérables aux chocs économiques; la nature de la pandémie de la COVID-19 accentue la tendance.
L'impact financier de la crise actuelle rend d'autant plus urgent l'aide aux femmes entrepreneures à renforcer leurs capacités de résistance. Les femmes possèdent moins d'actifs et ont des entreprises plus petites et moins rentables que les hommes. Les statistiques suggèrent également que les femmes sont plus susceptibles de survivre au virus que les hommes. Cela signifie que lorsque la pandémie sera terminée, davantage de femmes pourraient se retrouver dans le rôle de (l’unique) soutien de la famille.7
De plus, la Banque Mondiale prévoit une baisse de 20% des envois de fonds dans les pays en développement au niveau mondial - la baisse la plus importante de l'histoire récente8, or la majorité des destinataires de ces transferts sont des femmes. La baisse des envois de fonds pendant la crise économique de 2009 a eu un impact négatif sur l'égalité des sexes, le bien-être des ménages et la scolarisation des jeunes filles9.
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Les femmes entrepreneures sont moins susceptibles d'avoir un réseau d'entreprises diversifié et moins susceptibles d'avoir un mentor.
Les réseaux jouent un rôle important dans la croissance et le développement des entreprises: de bons partenaires commerciaux soutiennent à la fois la croissance des revenus et la création d'emplois10. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, des réseaux variés et étendus donnent souvent lieu à des écarts plus faibles entre les genres en matière de durabilité des entreprises11. Or, les femmes entrepreneures ont des réseaux plus petits et moins diversifiés que leurs homologues masculins. Cela impacte leur capacité à obtenir des informations sur leur secteur et ses innovations à temps et à entrer en contact avec des acheteurs, des fournisseurs et des homologues avec lesquels elles peuvent grandir et partager leurs expériences.
Les femmes sont également moins sujettes à avoir un mentor qui peut les guider et les conseiller. L'isolement imposé par la pandémie accentue la nécessité pour les femmes à pouvoir avoir accès aux connaissances et aux différentes sources d'information.
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Les femmes entrepreneures courent souvent après le temps. La pandémie leur laisse encore moins de temps à consacrer à la recherche de solutions et de ressources nécessaires pour se stabiliser et surmonter la crise.
Les femmes assument déjà de manière disproportionnée les responsabilités familiales - dans aucun pays au monde les hommes ne consacrent plus de temps aux tâches familiales que les femmes12. La crise actuelle a obligé les écoles à fermer et les familles à s'isoler. Dans cet environnement, le fardeau de la garde d'enfants et de la prise en charge des membres de la famille malades incombe en grande majorité aux femmes, ce qui leur laisse encore moins de temps à consacrer à la gestion de leur entreprise.
Les institutions financières peuvent aider les entrepreneuses à surmonter la crise en comprenant leurs besoins, en leur donnant accès aux connaissances et aux informations et en leur fournissant les outils nécessaires.
Les entrepreneuses ont besoin d'informations et de conseils facilement accessibles sur la manière d’évaluer leur situation, les méthodes de survie des entreprises et comment planifier l'avenir ; ce qui place donc les institutions financières en bonne position pour les aider à surmonter la crise. En plus de contribuer à stabiliser les économies locales, cela peut réduire le risque de leur portefeuille en plus d’améliorer et de solidifier les relations avec les clients. Les institutions financières ont donc ici la possibilité de compléter leurs services financiers de soutien, que beaucoup ont déjà commencé mettre en place, souvent avec l'aide de consultants en finance spécialistes des questions sur le genre.
Les recommandations de la page suivante sont basées sur les besoins des entrepreneuses, mais peuvent profiter à l'univers plus large des MPME.
Que peuvent faire les institutions financières?
- Comprendre les besoins des entrepreneuses : analyser les données du portefeuille par genre afin d’identifier les différences dans le domaine de l’entreprenariat et dans les comportements financiers en fonction du genre. Réaliser ensuite des enquêtes rapides pour déterminer les principaux problèmes et besoins. Inclure les femmes dans le développement de solutions - demander aux entrepreneuses ce dont elles ont besoin et adapter les réponses en conséquence13.
- Tirer parti de la position de confiance pour délivrer des connaissances et des informations fiables: utiliser tous les canaux disponibles pour fournir non seulement des mises à jour sur les produits financiers et les politiques de crédit, mais également des informations pertinentes sur le secteur et ses nouvelles réglementations ainsi que des outils pour aider les clients à élaborer des stratégies de survie d'entreprise. Si les canaux numériques sont possibles, inclure des liens vers des ressources telles que le mentorat en ligne ou le renforcement de compétences entrepreneuriales. Adopter une approche multicanale en fonction de chaque contexte: les agents de crédit peuvent être mis à contribution pour diffuser des informations, tout comme le site Web et les réseaux sociaux de l'institution financière.
- Adapter le contenu pour soutenir les stratégies de survie: les banques dotées de produits adaptés au marché des femmes peuvent développer des modules numériques sur les stratégies de survie des entreprises, la gestion des flux de trésorerie, la rotation de l'entreprise et la culture numérique.
- Adopter des outils numériques qui stimulent l'engagement tout en renforçant les connaissances et les capacités: les solutions efficaces concernent tout aussi bien l'entrepreneur que son entreprise. Les outils numériques qui permettent aux / encouragent les entrepreneurs à communiquer les uns avec les autres, à partager leurs expériences et à se sentir liés peuvent être extrêmement précieux.
- Prise en charge de la migration vers le commerce électronique: les femmes ont 20% de chances de plus que les hommes de travailler dans le secteur du commerce14. Les grandes plateformes de commerce en ligne fournissent généralement aux vendeurs un renforcement des compétences qui s'applique au-delà de l'utilisation de la plate-forme. Les institutions financières peuvent, par exemple, envisager de proposer des solutions de paiement numérique aux vendeurs en ligne et diriger leurs clients vers le soutien offert par les plateformes de marché locales.
Dans les endroits dépourvus de plateforme de commerce en ligne majeure, les institutions financières peuvent aider les clients à développer leurs propres sites de commerce en ligne ou à développer une plateforme où les MPME peuvent vendre leurs produits.
- Se préparer à fournir un soutien financier plus personnalisé : de nombreux établissements de crédit à travers le monde offrent à leurs clients un soutien financier temporaire, comme la restructuration de prêts, des délais de remboursement rallongés ou des baisses de taux d'intérêt. Cependant, au fur et à mesure de la crise, il devient évident que de nombreuses MPME auront besoin d'un soutien plus adapté et à plus long terme pour survivre. Pour ce faire, les institutions financières doivent renforcer leurs capacités internes à analyser individuellement la situation financière et les perspectives de leurs clients, et développer des solutions durables sur mesure, qui représentent à terme une situation gagnant-gagnant pour le prêteur et l'emprunteur.
De toute évidence, le genre compte pour les institutions financières!
Les institutions financières ont une occasion unique de soutenir et aider les entrepreneuses à survivre aux conséquences de la pandémie COVID-19 et à planifier l'avenir. Cela peut stabiliser les économies locales et atténuer le risque de portefeuille dans le secteur financier et également renforcer l'engagement des clients et leur fidélité auprès des institutions financières, ce qui sera rentable à long terme.
Pour les banques et autres institutions financières, aider les femmes à surmonter la crise actuelle n'est pas seulement une étape nécessaire vers plus d'égalité entre les sexes, c'est aussi une question de faire marcher les affaires.
Les références
1 Banque mondiale, Enterprise Surveys, 2019.
2 Groupe de la Banque mondiale, Note de politique en matière d'innovation, de technologie et d'entrepreneuriat, Soutenir les femmes entrepreneures axées sur la croissance: un examen des données factuelles et des principaux défis, 2014
3 Global Entrepreneurship Monitor 2018/2019 Women's Report, 2019.
4 Alliance financière pour les femmes, The Economics of Banking on Women, 2019; IFC, Mise à jour de l'analyse de rentabilité n ° 2: Baisser les NPL pour les
PME dirigées par des femmes, 2019.
5 Études de cas de l'Alliance financière pour les femmes: BLC Bank Lebanon, 2016; TEB Bank Turquie, 2017.
6 HM Treasury, La revue Alison Rose de l'entrepreneuriat féminin, 2019; Banque mondiale, Profiting from Parity, 2019; BCG, vous voulez booster l'économie mondiale de 5 billions de dollars? Soutenir les femmes en tant qu'entrepreneurs, 2019; Forum économique mondial, Rapport mondial sur l'écart entre les sexes, 2020.
7 Science Alert, Pourquoi plus d'hommes meurent du COVID-19 - un généticien explique, 2020.
8 Communiqué de presse de la Banque mondiale, La Banque mondiale prévoit la plus forte baisse des envois de fonds de l'histoire récente, avril 2020.
9 OIM, Genre, migration et envois de fonds, 2010.
10 Argidius Foundation, Networking Works: les réseaux d'entreprises peer-to-peer aident les petites entreprises en croissance à accroître leurs revenus et à créer des emplois, 2019.
11 BCG, vous voulez booster l'économie mondiale de 5 billions de dollars? Soutenez les femmes en tant qu'entrepreneurs, 2019.
12 Forum économique mondial, Rapport mondial sur l'écart entre les sexes, 2020.
13 Vidéo d'ONU-Femmes, Quatre actions clés pour inclure les besoins des femmes dans la réponse au COVID-19, 2020.
14 Global Entrepreneurship Monitor 2018/2019 Women's Report, 2019.