Auteur : RSBP
Date de publication: 20-04-2022

The changing climate represents a rapidly growing risk and opportunity for financial institutions globally. To be prepared, financial institutions must start planning a response to climate change today to mitigate future adverse scenarios and to avoid being left behind.

Le risque climatique est un risque financier

Le changement climatique représente un changement rapide et majeur, porteur à la fois de risques et d’opportunités pour les institutions financières du monde entier. Pour répondre à ce défi, les institutions financières doivent commencer à planifier une réponse au changement climatique dès aujourd'hui, afin d'atténuer les scénarios négatifs futurs.

Les impacts liés au changement climatique et à l'échec de l'action climatique ont été décrits comme les plus grands risques mondiaux à long terme par le Forum économique mondial en 2020[1].  Alors que les dirigeants de 184 nations se sont engagés en 2015, par le biais de l'Accord de Paris, à prendre des mesures déterminées au niveau national pour maintenir la hausse de la température mondiale "bien en dessus" d'une augmentation de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels[2], et que les dirigeants du G20 se sont engagés en octobre 2021 à limiter les augmentations à 1,5°C, les températures mondiales ont continué à augmenter.

Les contributions définies au niveau national (CDN) auxquelles les pays s'engagent actuellement sont insuffisantes pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, même avec les progrès récents réalisés lors de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2021 (COP26). Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) calcule que les émissions doivent être réduites de moitié d'ici 2030 pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, ce qui a encore renforcé la reconnaissance de la nécessité d'une transformation économique à l’échelle internationale pour atténuer les effets du changement climatique et s'y adapter.

Étant donné que le montant des fonds nécessaires pour conduire cette transformation économique et atteindre les objectifs de l'accord de Paris dépasse de loin la portée du financement traditionnel du développement, et que le financement public n'est en mesure de fournir qu'une partie des capitaux requis, l'implication - et la transformation - du secteur financier mondial sera essentielle.

Alors que les financements destinés à des fins écologiques ont connu une croissance exponentielle ces dernières années, il est clair que la seule augmentation des volumes de financement sera insuffisante en soi pour faire face au changement climatique, et qu'un changement systémique dans le secteur financier sera nécessaire. Les institutions financières devront non seulement mobiliser et fournir des financements significatifs de plus en plus importants pour lutter contre les effets du changement climatique, mais elles devront aussi intégrer pleinement les risques et opportunités liés à l’évolution du climat dans leurs stratégies et dans leurs opérations. Le thème du climat doit devenir un aspect essentiel de la gouvernance, de la stratégie, des opérations commerciales, de la gestion des risques et des rapports/évaluations des institutions financières.

Heureusement, les régulateurs et les institutions financières de premier plan reconnaissent de plus en plus que le risque climatique est un risque financier, tandis que les investissements dans l'atténuation du changement climatique et l'adaptation à celui-ci représentent également une opportunité économique importante, pouvant mener à l'innovation, au développement technologique et à la croissance généralisée.[3]

Cependant, bien que les régulateurs, les bailleurs de fonds et les clients incitent de plus en plus les institutions financières à prendre des mesures pour intégrer les considérations climatiques dans leurs stratégies et leurs structures, une récente enquête sur le climat menée par la BERD auprès de 134 institutions financières a révélé que de nombreuses institutions sont limitées par un manque de sensibilisation, de compétences, de capacités internes, d'approches standardisées et d'outils disponibles.[4]

En conséquence, de nombreuses institutions financières peinent à identifier les moyens les plus adaptés et les plus efficaces pour devenir plus résilientes au changement climatique et répondre à l'évolution du climat.

Qu'est-ce que le risque climatique ?

Alors que la plupart des organisations, y compris les institutions financières, reconnaissent que les impacts du changement climatique auront des conséquences économiques et sociales (ainsi qu'environnementales) dommageables, la spécificité du changement climatique rend difficile sa quantification ou son évaluation précise, en partie en raison de l’impossibilité de s’appuyer sur des données historiques (séries chronologiques). En conséquence, "de nombreuses organisations perçoivent à tort les implications du changement climatique comme étant à long terme et, par conséquent, pas nécessairement pertinentes pour les décisions prises aujourd'hui." [5]

Les risques climatiques sont généralement classés en deux grandes catégories : les risques physiques, et les risques de transition.

Les risques physiques résultent des impacts physiques du changement climatique et peuvent être : a) liés à des événements (aigus) tels que des événements extrêmes (ouragans, inondations), ou b) liés à des changements à plus long terme (chroniques) dans les schémas météorologiques (par exemple l’augmentation durable des températures, élévation du niveau de la mer).

Les risques de transition, quant à eux, sont ceux liés à la transition vers une économie à faible émission de gaz à effets de serre et peuvent inclure des risques politiques et juridiques, des risques technologiques, des risques de marché et des risques de réputation pour les institutions financières.

Comme le souligne le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (CBCB), le risque climatique - qu'il soit physique ou de transition - n'est pas un "risque distinct", mais se manifeste en fait à travers les autres risques que les institutions financières connaissent bien : risque de crédit, risque de marché, risque de liquidité et risque opérationnel. Le CBCB identifie de nombreux canaux de transmission macro- et micro-économiques, ou chaînes de causalité, expliquant comment les facteurs de risque climatique donnent lieu à des risques financiers qui ont un impact direct ou indirect sur les institutions financières par le biais des contreparties avec lesquelles elles travaillent, de leurs portefeuille d’actifs ou des économies dans lesquelles elles opèrent. [6]

Figure 1:    Principaux risques financiers affectés par les risques liés au climat

Source : IPC, adapté de Basel Committee on Banking Supervision 2021, Climate-related risk drivers and their transmission channels. 

TCFD : qu'est-ce que c'est et qu'est-ce que cela signifie pour les IFs ?

Reconnaissant le manque d'informations liées au climat disponibles sur les marchés financiers qui soient utiles à la décision, le Conseil de stabilité financière (FSB) du G20 a créé en 2015 la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD), dirigée par l'industrie, afin de concevoir un ensemble de recommandations volontaires et standardisées en matière de diffusion d’information pour aider les participants aux marchés financiers à comprendre les risques liés au climat.

La TCFD a publié son document intitulé Recommendations of the Task Force on Climate-related Financial Disclosures en 2017, et le cadre et l'approche décrits dans le document pour décrire et diffuser l’information sur le risque climatique sont devenus la norme au niveau mondial. La TCFD a en outre fourni des conseils pratiques généraux et sectoriels sur la mise en œuvre des exigences de diffusion d’information en lien avec le climat, par le biais d'un document d'orientation intitulé Implementing the Recommendations of the Task Force on Climate-related Financial Disclosures, dont la dernière mise à jour date de 2021.

Bien que les Recommandations de la TCFD restent volontaires, les régulateurs et les investisseurs du monde entier intègrent de plus en plus d'éléments issus de ces recommandations dans leurs réglementations, politiques et processus de due diligence et d’évaluation. Par conséquent, il est essentiel que les institutions financières renforcent leur sensibilisation à ces recommandations, quel que soit le statut actuel de l'incorporation de celles-ci dans leurs cadres réglementaires nationaux.

La TCFD a structuré ses recommandations relatives à la diffusion de l’’information autour de quatre domaines thématiques liés aux opérations de chaque organisation :

 

  • Gouvernance - la gouvernance de l'organisation en matière de risques et d'opportunités liés au climat.
  • Stratégie - les impacts réels et potentiels des risques et opportunités liés au climat sur les activités, la stratégie et la planification financière de l'organisation.
  • Gestion des risques - les processus utilisés par l'organisation pour identifier, évaluer et gérer les risques liés au climat.
  • Paramètres et objectifs - les paramètres et les objectifs utilisés pour évaluer et gérer les risques et les opportunités liés au climat.

Pour chacun des domaines thématiques ci-dessus, la TCFD fournit des informations qu’il est recommandé de diffuser pour une organisation, comme le montre la figure 2.

En outre, la TCFD a fourni des orientations supplémentaires pour des acteurs spécifiques du secteur financier, notamment les banques, les compagnies d'assurance, les propriétaires d'actifs et les gestionnaires d'actifs.

La TCFD fournit également aux organisations des orientations générales quant à la manière de s'engager dans l'analyse de scénarios, en identifiant et en évaluant les implications potentielles d'une gamme d'états futurs plausibles dans les conditions d'incertitude fournies par un climat changeant - le tout dans le but d'identifier les expositions potentielles aux risques liés au climat.

Figure 2:      Recommandations de la TCFD en matière de diffusion d’informations

Source : TCFD 2021, Implementing the Recommendations of the Task Force on Climate-related Financial Disclosures, pp. 15.

L'évolution du climat offre également des opportunités pour les organisations en avance dans la prise en compte des enjeux du changement climatique.

Le changement climatique offre également de nouvelles opportunités aux institutions financières tournées vers l'avenir. En analysant leurs opérations internes, ainsi que les marchés porteurs pour le financement, les institutions financières peuvent explorer une variété d'opportunités liées à l'efficacité des ressources (par exemple, l'efficacité énergétique, l'efficacité de l'eau, l'efficacité des matériaux, etc.) ; la production d'énergie (par exemple, les énergies renouvelables) ; les produits ou biens à faible émission ; les nouveaux marchés ; le développement de la résilience ; etc.

 

Les institutions financières qui n'explorent pas ces possibilités courent le risque de ne pas bénéficier des avantages du « premier arrivé », et celles qui ne développent pas leurs capacités en matière de gestion des risques climatiques courent le risque de se retrouver avec des portefeuilles plus risqués (ou plus opaques) et de devoir supporter des coûts plus élevés pour s'adapter aux changements réglementaires.

 

[1]https://www. weforum.org/agenda/2020/01/top-global-risks-report-climate-changement-cyberattacks-economic-political/
[2]Idéalement inférieur à 1,5 C
[3]La création récente de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) lors de la COP26 témoigne de l'importance croissante accordée aux questions climatiques par les institutions financières.
[4]BERD 2021. Préparation du secteur financier aux impacts du changement climatique.
[5]TCFD 2017. Recommandations de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures. pp. ii. 
[6]Comité de Bâle sur le contrôle bancaire 2021. Les facteurs de risque liés au climat et leurs canaux de transmission.